La chandeleur
Saviez-vous que le 2 février n'est pas seulement le jour de la marmotte? C'est aussi le jour d'une fête initialement païenne devenue plus tard chrétienne : la Chandeleur. Le vocable « chandeleur » vient du mot latin « candelorum » et signifie « chandelles ».
Dans la Rome antique, la fête des chandelles marquait la fin du séjour de Proserpine dans les enfers et le retour de sa mère, Cérès, déesse de l'agriculture et des moissons. Cette fête symbolisait l'augmentation de plus en plus rapide du temps d'ensoleillement quotidien et l'accroissement de la puissance des rayons de soleil. On célébrait donc le retour de la lumière et de la chaleur du Soleil qui permettront de faire croître les semences le moment venu.
Il est important de souligner ici que le deuxième mois de l'année était autrefois consacré à Fébruus, une divinité étrusque. Durant ce mois, on présentait à ce dieu sacrifices et offrandes durant la fête de Februalia. Le nom de cette fête signifie littéralement « purifications ». C'était donc un mois de purification. Le mot « février » vient du nom de cette divinité étrusque.
Comme les Romains et les Étrusques, les Celtes d'Irlande célébraient, eux aussi, une fête de purification en février. Cette fête, qui portait le nom d'Imbolc, se déroulait le premier jour de ce mois.
Depuis que la Chandeleur est devenue chrétienne, on souligne ce jour-là la présentation de Jésus au Temple comme Lumière du monde. La Chandeleur correspond au 40e jour qui suit le 25 décembre, le jour de la naissance du Petit Jésus. Or, 40 est un nombre très important dans la Bible et il y figure à de nombreuses reprises. Voici quelques exemples : le déluge dure 40 jours, les israélites errent 40 ans dans le désert, la vie de Moïse est divisée en 3 périodes de 40 ans, Jésus passe 40 jours dans le désert, l'Ascension de Jésus a lieu le 40e jour de sa Résurrection, le jour de Pâques.
Pour ce qui est des 40 ans dans le désert, le livre Les Nombres du Pentateuque précise que Dieu condamne les israélites à errer dans le Désert parce qu'ils se sont rebellés contre Lui en voulant élire d'autres chefs que Moïse et Aaron, lapider ces deux personnes et retourner en Égypte. Au premier abord, il s'agit donc d'une condamnation. Mais, lorsqu'on y réfléchit davantage, les israélites commencent à ce moment-là à faire l'expérience de leur liberté fraîchement et durement acquise. Or, qui dit apprentissage de la liberté, dit acceptation des responsabilités qui en découlent. Même s'ils sont enfin libres, les israélites font encore beaucoup d'erreurs et se rebellent encore souvent contre Dieu. C'est donc une période d'apprentissage pour se conformer à la Volonté de Dieu.
Le séjour de 40 jours de Jésus dans le désert fait systématiquement référence aux 40 ans dans le désert. Durant ce séjour, Jésus-Christ a dû combattre les tentations du Mal, comme pour nous montrer la toute première responsabilité d'un être entièrement libre est de se conformer entièrement à la volonté de Dieu et de ne pas céder aux tentations, plus particulièrement toute tentation qui aurait pour effet de gonfler l'ego. À ce sujet, j'aimerais mentionner que le Nouveau Testament présente Jésus-Christ comme un être particulièrement humble sur le plan terrestre. Ce n'est pas pour rien qu'il dit à Ponce Pilate que son Royaume n'est pas de ce monde.
La période de 40 jours entre la Pâques et l'Ascension, quant à elle, constitue une période où le Ressuscité enseigne à ses apôtres et à ses disciples.
Ces trois exemples montrent que le nombre 40 signifie une période d'apprentissage. Dans le cas de la Chandeleur, ce nombre invite chaque chrétien à apprendre à placer toute sa confiance en Jésus-Christ comme Lumière de sa propre vie afin de pouvoir combattre sa propre propension aux péchés et de vivre en conformité avec la Volonté de Dieu. La Chandeleur marque donc le début ou le renouvellement annuel de l'engagement personnel dans son propre cheminement spirituel.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais faire ici une remarque. En présentant le Petit Jésus au Temple, Marie et Joseph se conformaient à la pratique du rachat du premier-né mâle de la famille, pratique qui existe encore de nos jours chez les juifs. Cette pratique visait essentiellement à se remémorer que les premiers-nés des israélites ont été épargnés de la mort lors la dernière plaie d'Égypte. Il se peut aussi qu'elle visât à venir contrer une ancienne pratique abominable chez les israélites et les peuples environnants, à savoir l'immolation de tout premier-né pour le sacrifier à Moloch, une ancienne divinité. Quel dieu était donc cet ignoble Moloch qui demandait des sacrifices humains? Malheureusement, on ne sait pas grand-chose d'autre à son sujet.
Revenons au sujet principal de ce billet, la Chandeleur. Selon l'Évangile selon Saint Luc, un certain Siméon, qui était juste devant Dieu, fut averti par le Saint-Esprit qu'il verrait le Messie avant de mourir. Inspiré par le Saint-Esprit, il alla au temple le jour même où Marie et Joseph venaient pour y présenter le Petit Jésus et le consacrer à Dieu. Siméon prit le petit poupon dans ses bras et rendit grâce à Dieu à voix haute en Lui disant qu'il pouvait maintenant partir en paix, car il a vu de ses yeux Celui qui apporte le Salut, la Lumière qui éclaire les nations (ses paroles sont désignées sous le vocable « cantique de Siméon »). Siméon bénit les parents du petit Jésus et indiqua à Marie qu'elle connaîtra la souffrance.
Toujours dans le même Évangile, on indique qu'il y avait également au Temple une prophétesse, une certaine Anne, âgée de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple et servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. Au moment où le Petit Jésus a été présenté au temps, Anne louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
De nos jours, les chrétiens de certains pays européens francophones mangent des crêpes rondes et dorées pour souligner le retour en force du Soleil et la venue de Jésus-Christ en tant que Lumière du monde.
Même si nous vivons aujourd'hui au Québec dans une société entièrement laïque où la Chandeleur a été insidieusement remplacée par le jour de la marmotte, il importe de se rappeler la symbolique chrétienne de ce jour si particulier : Jésus-Christ est Celui qui apporte le Salut, la Lumière qui nous éclaire.
Je souhaite à toutes les chrétiennes et à tous les chrétiens une très heureuse Chandeleur. Que cette fête puisse être l'occasion pour vous de prendre conscience de l'importance de placer toute votre confiance en Jésus-Christ. Puisse-t-elle aussi faire croître en vous les trois vertus théologales que sont la Foi, l'Espérance et la Charité (ou plus simplement l'Amour de Dieu et de son prochain).