Connaissez-vous Melchisédech?

25/11/2022

Melchisédech n'est pas seulement un format de bouteille de vin de 30 litres. C'est avant tout un personnage particulièrement mystérieux de la Bible. Il est mentionné uniquement 2 fois dans l'Ancien Testament. Il est aussi mentionné à quelques reprises dans l'Épître aux Hébreux du Nouveau Testament.

Ce fascinant personnage était roi de Salem et sacrificateur du dieu El, le Très Haut. Il apparaît pour la première fois au chapitre 14 de la Genèse. Après avoir appris que son frère et son neveu Lot avaient été faits prisonniers, Abram alla les rescaper avec sa troupe. Il les sauva et les ramena dans son camp. C'est alors que Melchisédech, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin. Il bénit Abram, et dit: Béni soit Abram par El, le Très Haut, maître du ciel et de la terre! Béni soit El, le Très Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains! Et Abram lui donna la dîme de tout.

Ce qui est déconcertant dans ce passage, c'est que le père des trois grandes religions est béni par un roi et lui donne en retour la dîme. Abram reconnaît ainsi le rang privilégié de Melchisédech en tant que sacrificateur de El, le Très Haut.

Ce qui déconcerte aussi, c'est que les offrandes de Melchisédech à El ne sont pas des animaux sacrifiés comme on pourrait le penser, mais du pain et du vin (comme les chrétiens).

En passant le nom de Melchisédech signifie « roi de justice ». Salem voulant dire « paix », c'est donc que Melchisédech est à la fois roi de justice et roi de paix.

Melchisédech apparaît pour la deuxième fois, dans le psaume 110. Ce psaume est attribué à David et porte sur l'établissement du Roi (le Seigneur) à droite de l'Éternel et annonce sa domination sur les ennemis. On y indique que l'Éternel l'a juré, et il ne s'en repentira point: tu es sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédech. Ce passage énigmatique est très important pour les chrétiens, car il sert de fil conducteur dans l'Épître aux Hébreux. Comme je l'écrivais dans mon billet sur mon défi de janvier 2020, cette épître constitue un ouvrage exceptionnel qui montre comment le Fils de l'homme est devenu le sacrifice parfait.

L'auteur de l'Épître aux Hébreux compare Melchisédech et le Christ. Tous les deux n'ont ni père, ni mère, ni d'ancêtre, ni de commencement, ni de fin de vie. Tout comme Melchisédech, le Christ est le Roi de justice et de paix et est sacrificateur pour toujours. Tout comme Melchisédech, le Christ présente à Dieu des offrandes saintes composées de pain et de vin. Ainsi, le Christ est sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédech.

L'auteur explique que le sacerdoce du Christ est supérieur au sacerdoce des descendants d'Aaron (sacerdoce lévitique), car le Christ constitue à la fois l'offrande, l'autel et le prêtre sacrificateur. Le Christ ayant consenti librement à devenir l'offrande pure et parfaite, il s'est offert une fois et pour toujours afin de libérer les hommes des chaînes du péché, de les purifier et de les sanctifier.

Il est intéressant de noter qu'après la destruction du temple de Jérusalem de 70 de notre ère, il n'y a plus eu de sacrifice d'animaux à Dieu pour le rachat des fautes.

J'aimerais ici préciser que même si le sacrifice du Christ a eu lieu il y a plus de deux mille ans, lorsqu'on communie à l'Église, on prend part à ce sacrifice unique hors du temps. C'est comme si nous vivions une seconde d'éternité. La communication est un acte sacré par lequel on intègre momentanément en nous le corps et l'âme du Christ. Hé oui, j'ai bien dit l'âme du Christ, car lorsqu'il s'est fait chair, il a pris un corps et une âme. Grâce à la communion, le Christ irradie en nous sa splendeur, sa lumière, ses qualités et sa perfection. Dans la mesure où notre cœur, notre esprit et notre âme demeurent conscients de ce privilège et ouverts à la communion, nous intégrons progressivement de plus en plus ses qualités et sa perfection à chaque fois qu'on communie, que cette communion s'opère physiquement grâce à l'hostie ou spirituellement par la pensée.

L'Église catholique fait référence à Melchisédech dans la prière eucharistique : « Et comme il t ́a plu d'accueillir les présents de ton serviteur Abel le Juste, le sacrifice d'Abraham, notre père dans la foi, et celui que t'offrit Melchisédech ton grand prêtre, oblation sainte et immaculée, regarde ces offrandes avec amour et, dans ta bienveillance, accepte-les. »

Mais qui est donc Melchisédech? Était-ce tout simplement un homme juste (saint) devant Dieu, un ange du Seigneur ou le Verbe divin? Je laisse la question à votre libre appréciation.

En guise de conclusion de ce billet, j'aimerais souligner que L'Épître aux Hébreux est un chef-d'œuvre de christologie. S'il y a un livre à lire dans la Bible, c'est bien celui-là. Bonne lecture.

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