Question de santé mentale

27/01/2024

Aujourd'hui, j'aimerais aborder la question de la maladie mentale et de la peur qu'inspire l'expression « trouble mental ».

Le présent billet découle d'un échange avec une amie sur Facebook qui n'a pas aimé mon commentaire, à juste titre, du moins selon les dictionnaires. Après lui avoir écrit que son témoignage était intéressant et important, j'ai ajouté « On ne parle pas assez de la neurodivergence et de la santé mentale. Les artistes sont souvent neurodivergents et ont une capacité à voir le monde différemment des autres. C'est ce qui les rend uniques. » Cette amie m'a fait valoir que, dans les dictionnaires, le terme « neurodivergent » renvoie à l'autisme, aux personnes ayant un trouble neurodéveloppemental ou un trouble mental. Évidemment, elle avait effectivement raison.

Comme je le mentionnais dans mon billet sur les compromis dans le couple, la neurodivergence a été d'abord associée à l'autisme et au déficit de l'attention. Aujourd'hui, ce concept englobe toute personne qui a un mode de pensée différent, ce qui comprend les artistes, les inventeurs et les personnes qui sortent des sentiers battus (people who think outside the box en anglais).

Au gouvernement fédéral et au sein de certaines entreprises, on valorise les compétences des neurodivergents, car ils sont de véritables novateurs. D'aucuns diraient même que sans eux il n'y aurait ni avancées ni progrès. C'est dire à quel point le sens du terme « neurodivergent » a évolué avec le temps.

Ce ne sont pas les dictionnaires qui déterminent le sens des mots, mais c'est l'usage qu'on en fait. Lorsque le sens d'un mot est bien établi et si ce mot est conforme au génie de la langue, il est alors consigné dans les dictionnaires. Il faut donc du temps pour qu'une définition soit modifiée dans un dictionnaire.

Avez-vous remarqué qu'on parle beaucoup de santé mentale, mais que les expressions « trouble mental », « maladies mentales » et « problèmes mentaux » sont presque bannies des discours et des écrits sur la santé mentale? Pourtant, lorsqu'on parle de santé mentale, on traite surtout de troubles, de maladies et de problèmes ainsi que de pensées suicidaires. Les discours et les écrits sur cette délicate question sont édulcorés.

Vivant avec la dépression saisonnière depuis très longtemps et ayant fait une tentative de suicide à l'âge de 17 ans, je n'ai aucune difficulté à dire que j'ai un historique de troubles mentaux. Mettons les choses au clair : la dépression saisonnière constitue bel et bien une maladie mentale. Le nier ne rend pas la situation moins facile, bien au contraire. Parler d'idées noires plutôt que de pensées suicidaires ne les rend pas moins morbides pour autant.

Avoir une maladie mentale ne fait nullement de moi un « malade mental » ou un « fou à lier » au sens général de ces deux termes. En fait, reconnaître que je vis avec une maladie mentale m'aide à m'accepter tel que je suis, à discerner les signes avant-coureurs d'une détérioration de mon humeur et à prendre les mesures qui s'imposent pour aller mieux.

Selon l'Infobase de la santé publique, un Canadien sur trois sera touché à un moment donné ou l'autre par la maladie mentale au cours de sa vie. Chaque année, environ 15 % des Canadiens utilisent des services de santé pour une maladie mentale. C'est quand même beaucoup de personnes.

Contrairement à ce que je pensais avant 2019, lorsqu'on a déjà eu un enjeu de santé mentale, d'autres épisodes peuvent survenir. On est plus fragile. Parfois, il suffit d'un événement malheureux pour faire surgir des pensées suicidaires, ce qui m'est arrivé en février 2019. Il faut dire que janvier et février sont les mois les plus difficiles pour moi. Même ma lampe de luminothérapie ne faisait plus effet. Ayant reconnu les signes avant-coureurs, je n'ai pas hésité longtemps pour aller à l'hôpital. Ç'a été la semaine la plus longue de ma vie. Heureusement, je me porte très bien maintenant et je suis heureux de ma vie.

Partager